Sur la musique...(CWMCE - Entretiens 1929 31 Volume 03 - 28 Juillet 1929)

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Cesar Franck

  Parmi les grands musiciens modernes, il y en a quelques-uns dont la conscience, quand ils créaient, entrait en rapport avec la conscience supérieure. César Franck était un inspiré lorsqu'il jouait de l'orgue ; quelque chose en lui s'ouvrait à la vie psychique ; il en était conscient, et, dans une grande mesure, il l'exprimait. Beethoven, quand il composa la Neuvième Symphonie, eut la vision d'une ouverture sur un monde supérieur et de la descente de ce monde sur le plan terrestre. Wagner a fait des allusions puissantes et perspicaces aux mondes occultes ; il avait l'instinct et le sens de l'occultisme, et à travers eux, il reçut ses plus grandes inspirations. Mais il travailla principalement sur le plan vital, et de plus, son mental intervenait constamment et mécanisait l'inspiration. La majeure partie de son œuvre est très mélangée, trop souvent obscure et lourde, quoique puissante. Mais chaque fois qu'il put traverser les plans vital et mental et parvenir à un monde plus élevé, les aperçus qu'il en reçut furent d'une beauté exceptionnelle, comme dans Parsifal et dans plusieurs passages de Tristan et Yseult, spécialement dans la fin du dernier acte.

  Très loin au-dessus du mental, se trouve un domaine que nous pouvons appeler le monde de l'Harmonie. Si vous réussissez à aller jusque-là, vous y découvrirez la racine de toute harmonie qui s'est manifestée sur terre, sous quelque forme que ce soit. Pour vous donner un exemple, il y a un certain thème musical, composé de quelques notes suprêmes, qui se trouve derrière deux œuvres de deux artistes qui vécurent l'un après l'autre ; l'une est un concerto de Bach, l'autre un concerto de Beethoven. Les deux ne sont pas semblables sur le papier et diffèrent pour l'oreille extérieure, mais leur origine est la même. Une seule et même vibration de conscience, une vague d'harmonie expressive toucha ces deux artistes. Beethoven en saisit davantage, mais chez lui, elle fut plus mélangée aux inventions et interpolations de son mental. Bach en reçut moins, mais ce qu'il transmit fut plus pur. La vibration était celle de l'éveil victorieux de la conscience, surgissant des profondeurs de l'inconscience dans une naissance triomphante. Cette vibration avait son origine dans le monde d'Harmonie dont je viens de vous parler.

CWMCE - Entretiens 1929 31 Volume 03 - 28 Juillet 1929  (extraits)

Diego Innocenzi performs César Franck's Offertoire en mi-bemol majeur on the famous
Aristide Cavaillé-Coll organ of St.François-de Sales, Lyon, France.

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