Les Quatre Austérités et Les Quatre Libérations 1

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 Pour suivre l'éducation intégrale qui mène à la réalisation supramentale, quatre austérités sont nécessaires et quatre libérations aussi.

Généralement on confond austérité avec mortification, et, quand on parle d'austérités, cela fait penser à la discipline de l'ascète qui, pour éviter la tâche ardue de la spiritualisation de la vie physique, vitale et mentale, la déclare intransformable et la rejette loin de lui, sans merci, comme un objet encombrant et ; inutile, un esclavage et une entrave à tout progrès spirituel ; en  tout cas, comme quelque chose d'incorrigible, un poids qu'il faut porter plus ou moins allègrement jusqu'à ce que la nature, ou la Grâce divine vous en libère par la mort. Au mieux, la vie terrestre est un champ de progrès dont il faut profiter le mieux qu'on peut, afin d'atteindre le plus tôt possible le degré de perfection qui mettra fin à l'épreuve en la rendant inutile.

Pour nous le problème est tout différent. La vie terrestre n'est pas un passage, ni un moyen ; elle doit devenir par la transformation, un but et une réalisation. Quand donc nous parlons d'austérités, ce n'est pas par mépris du corps, pour nous . détacher de lui, mais par nécessité de contrôle et de maîtrise.  Car il y a une austérité bien plus grande, plus complète et plus difficile que toutes les austérités ascétiques, c'est l'austérité nécessaire à la transformation intégrale, la quadruple austérité préparant l'individu pour la manifestation de la vérité supramentale. Par exemple, on peut dire qu'il y a peu d'austérités aussi sévères que celles exigées par la culture physique en vue du perfectionnement corporel. Mais nous reviendrons sur ce point en temps voulu.

Avant d'aborder la description des quatre genres d'austérités requises, il est nécessaire d'éclaircir une question qui est la source de bien des malentendus et des confusions dans l'esprit de la plupart des gens ; c'est celle des pratiques ascétiques qu'ils méprennent pour des disciplines spirituelles. Ces pratiques, qui consistent à maltraiter le corps afin, disent-ils, d'en libérer l'esprit, sont, en fait, une déformation sensuelle de la discipline spirituelle ; c'est une sorte de besoin pervers de la souffrance qui pousse l'ascète aux macérations. L'emploi de la planche à clous du "sâdhou" ou des verges et du cilice de l'anachorète chrétien, est l'effet d'un sadisme plus ou moins voilé, inavouable et inavoué ; c'est la recherche maladive ou le besoin subconscient de sensations violentes. En vérité, ces choses sont fort loin de toute vie spirituelle ; car elles sont laides et basses, sombres et malsaines ; et la vie spirituelle, tout au contraire, est une vie de lumière, d'équilibre, de beauté et de joie. Elles sont inventées et préconisées par une sorte de cruauté mentale et vitale s'exerçant sur le corps. Mais la cruauté, même à l'égard de son propre corps, n'en est pas moins de la cruauté ; et toute cruauté est le signe d'une grande inconscience. Les natures inconscientes ont besoin de sensations très fortes, car, sans cela, elles ne sentent rien ; et la cruauté, qui est une des formes du sadisme, procure des sensations très fortes. La raison avouée de semblables pratiques est d'abolir toute sensation, afin que le corps ne fasse plus obstacle à l'élan vers l'esprit ; on peut douter de l'efficacité d'un tel moyen. C'est un fait reconnu que pour progresser rapidement, il ne faut pas craindre les difficultés ; au contraire, c'est en choisissant à chaque occasion de faire la chose difficile que l'on augmente sa volonté et que l'on fortifie ses nerfs. Or, il est beaucoup plus difficile de vivre avec mesure et équilibre, dans l'égalité d'âme et la sérénité, que de vouloir lutter contre les abus de la jouissance et leurs conséquences obscurcissantes, par les abus de l'ascétisme et de leurs conséquences dissolvantes. Il est beaucoup plus difficile d'obtenir de son être physique un développement harmonieux et progressif dans le calme et la simplicité, que de le maltraiter au point de le réduire à néant. Il est beaucoup plus difficile de mener une existence sobre et sans désir que de priver son corps de la nourriture et de la propreté indispensables en se glorifiant orgueilleusement de son abstinence. Il est beaucoup plus difficile d'éviter ou de surmonter et de vaincre la maladie par l'harmonie, la pureté et l'équilibre intérieurs et extérieurs, que de la mépriser, de l'ignorer et de la laisser libre de faire son œuvre de destruction. Et le plus difficile de tout est de toujours maintenir sa conscience au sommet de sa capacité, sans jamais permettre à son corps d'agir sous l'effet d'une impulsion inférieure.

C'est dans ce but que nous aurons recours aux quatre austérités qui auront pour résultat en nous quatre libérations. La pratique de ces austérités constituera quatre disciplines ou "tapasyâs", qui peuvent être définies comme suit :

1  —  tapasyâ de l'amour
2  —  tapasyâ de la connaissance
3  —  tapasyâ du pouvoir
4  —  tapasyâ de la beauté

Cet énoncé est, pour ainsi dire, fait de haut en bas ; mais il ne faut pas prendre ces termes dans le sens de supérieur et d'inférieur, ni de plus ou moins difficile, ni dans l'ordre où ces disciplines peuvent et doivent être pratiquées. L'ordre, l'importance, la difficulté varient suivant les individus et nulle règle absolue ne peut être formulée. Chacun doit trouver et élaborer son propre système, d'après ses capacités et ses besoins personnels.

Il ne sera donc exprimé, ici, qu'une vue d'ensemble exposant un procédé idéal aussi complet que possible. Chacun aura ensuite à en appliquer ce qu'il pourra et de la meilleure façon qu'il le pourra.

La tapasyâ ou discipline de la beauté nous conduira par l'austérité de l'existence physique à la liberté dans l'action. Son programme de base sera la construction d'un corps beau dans ses formes, harmonieux dans ses postures, souple et agile dans ses mouvements, fort dans ses activités, résistant dans son fonctionnement organique et sa santé.

Pour obtenir ces résultats il sera bon, d'une façon générale, de se servir des habitudes comme aides dans l'organisation matérielle,  car le corps fonctionne plus facilement dans le cadre d'une routine régulière. Mais il faut savoir ne pas devenir l'esclave de ses habitudes, quelque bonnes qu'elles puissent être ; il faut garder la plus grande souplesse pour pouvoir en changer chaque fois que cela devient nécessaire.

On doit se construire des nerfs d'acier dans des muscles élastiques et puissants pour pouvoir tout endurer lorsque c'est indispensable. Mais en même temps, il faut prendre grand soin de ne demander à son corps que l'effort strictement nécessaire, la dépense d'énergie qui favorise le progrès et la croissance en interdisant catégoriquement tout ce qui produit la fatigue épuisante et finalement mène à la déchéance et à la décomposition matérielles.

La culture physique en vue de construire un corps capable de servir d'instrument approprié à une conscience supérieure exige des habitudes très austères. Une grande régularité dans le sommeil, l'alimentation, l'exercice et toutes les activités. Par une étude scrupuleuse des besoins particuliers de son corps, car ils varient suivant les individus, un programme général sera établi ; et une fois ce programme bien établi, il faut s'y tenir rigoureusement, sans fantaisies et sans relâchement : pas de ces petits accrocs à la règle que l'on ne se permet "qu'une fois", mais qui se répètent très souvent, car dès que l'on cède à la tentation, ne serait-ce "qu'une fois", on amoindrit la résistance de la volonté et on ouvre la porte à toutes les défaites. Il faut donc s'interdire toute faiblesse : plus de sorties nocturnes dont on revient éreinté, plus de festins et de bombances qui dérangent le fonctionnement normal de l'estomac, plus de distractions, d'amusements et de jouissances qui gaspillent l'énergie et vous laissent sans vigueur pour l'entraînement quotidien. Il faudra se soumettre à l'austérité d'une vie sage et régulière où toute l'attention physique est concentrée sur la construction d'un corps s'approchant de la perfection autant qu'il le peut. Pour atteindre ce but idéal, on s'interdira strictement tous les excès et tous les vices, petits ou grands ; on se refusera à l'usage de ces poisons lents, tabac, alcool, etc., dont les hommes ont coutume de faire des besoins indispensables et qui abolissent peu à peu la volonté et la mémoire. Cet intérêt si absorbant, que la presque totalité des êtres humains, même les plus intellectuels, prennent dans la nourriture, sa préparation et son absorption, doit faire place à une connaissance presque chimique des besoins du corps et à une austérité toute scientifique dans les moyens de les satisfaire. A cette austérité dans l'alimentation, il faut en ajouter une autre, celle du sommeil ; elle ne consiste pas à se priver de sommeil mais à savoir comment dormir. Le sommeil ne doit pas être une chute dans l'inconscience, qui alourdit le corps plutôt que de le "rafraîchir". Le fait de manger modérément et de s'abstenir de tout excès, diminue beaucoup la nécessité de passer de nombreuses heures à dormir ; mais la qualité du sommeil est encore plus importante que sa quantité. Pour que le sommeil procure un repos et une détente vraiment efficaces, il est généralement bon de prendre quelque chose, une tasse de lait ou de soupe, un jus de fruit par exemple, avant d'aller se coucher ; une nourriture légère rend le sommeil tranquille ; il faut cependant s'abstenir de tout repas copieux, car alors le sommeil devient agité et troublé par des cauchemars, ou bien épais et lourd, abrutissant. Mais le plus important de tout est de se clarifier l'esprit, de se tranquilliser les sentiments et d'apaiser l'effervescence des désirs et des préoccupations qui les accompagnent. Si avant de se retirer pour dormir, on a beaucoup parlé ou eu une conversation animée, si on a lu un livre excitant ou d'un intérêt intense, il faut prendre quelque temps de repos sans dormir, afin de calmer l'activité mentale, pour que le cerveau ne se livre pas à des mouvements désordonnés tandis que les membres seuls seront endormis. Ceux qui pratiquent la méditation feront bien de se concentrer pendant quelques minutes sur une idée élevée et calmante, dans une aspiration vers une conscience plus haute et plus vaste. Leur sommeil en bénéficiera grandement et ils éviteront dans une large mesure le risque de tomber dans l'inconscience pendant qu'ils dorment.  

Après l'austérité d'une nuit passée exclusivement à se reposer dans un sommeil calme et paisible, viendra l'austérité d'une journée organisée avec sagesse et dont l'activité sera partagée entre les exercices progressifs et savamment gradués nécessaires à la culture du corps et le travail, de quelque nature qu'il soit. Car les deux peuvent et doivent faire partie de la tapasyâ physique. En ce qui concerne les exercices, chacun choisira ceux qui conviennent le mieux à son corps et, si possible, se fera guider par un expert en la matière, qui saura combiner et graduer les exercices en vue d'un maximum d'effet. Aucune fantaisie ne présidera à leur choix, ni à leur exécution. Il ne faudra pas faire ceci ou cela parce que cela paraît plus facile ou plus amusant ; on ne changera d'entraînement que lorsque l'instructeur jugera que le changement est nécessaire. Chaque corps, pour être perfectionné, ou même seulement amélioré, est un problème à résoudre dont la solution exige beaucoup de patience, de persévérance et de régularité. En dépit de ce que beaucoup de gens pensent, la vie de l'athlète n'est pas une vie d'amusement ou de distraction ; au contraire c'est une vie toute faite d'efforts méthodiques et d'habitudes austères, ne laissant aucune place aux fantaisies inutiles et nuisibles au résultat que l'on veut obtenir.

Dans le travail aussi il y a une austérité ; elle consiste à ne pas avoir de préférence et à faire avec intérêt tout ce que l'on fait. Pour celui qui veut se perfectionner, il n'y a pas de grands et de petits travaux, des travaux importants et d'autres qui ne le sont pas; tous sont également utiles pour celui qui aspire à être maître de lui-même et à progresser. Il est dit qu'on ne fait bien que ce que l'on fait avec intérêt ; cela est vrai. Mais ce qui est plus vrai encore, c'est que l'on peut apprendre à trouver de l'intérêt dans tout ce que l'on fait, même les besognes les plus insignifiantes en apparence. Le secret de cet accomplissement se trouve dans l'élan de perfectionnement. Quelle que soit l'occupation ou la tâche qui vous est échue, il faut la remplir avec une volonté de progrès ; quoi que ce soit que l'on fasse, il faut non seulement le faire aussi bien que l'on peut, mais s'appliquer à le faire de mieux en mieux dans un effort constant vers la perfection. De la sorte tout devient intéressant, tout sans exception, la besogne la plus matérielle aussi bien que les travaux les plus artistiques et les plus intellectuels ; le champ de progrès est infini et peut s'appliquer à la moindre chose.

Ceci nous mène tout naturellement à la libération de l'action ; car on doit être, dans son action, libre de toutes les conventions sociales, de tous les préjugés moraux ; mais ce n'est pas pour mener une vie de licence et de dérèglement. Tout au contraire, la règle à laquelle on se soumet est beaucoup plus sévère que toutes les règles des sociétés ; car elle ne tolère aucune hypocrisie ; elle exige une sincérité parfaite. Toute l'activité physique doit être organisée en vue de faire croître l'équilibre, la force et la beauté du corps. Dans ce but on doit s'abstenir de toute recherche de plaisir, y compris le plaisir sexuel. Car tout acte sexuel est un acheminement vers la mort. C'est pourquoi depuis les temps les plus anciens, dans les collèges les plus sacrés et les plus secrets, cet acte était interdit à tout aspirant à l'immortalité. L'acte sexuel est toujours suivi d'un moment plus ou moins long d'inconscience, qui ouvre la porte à toutes les influences et produit une chute de conscience. Or, si l'on veut se préparer à la vie supramentale, il ne faut jamais permettre à sa conscience de glisser vers le relâchement et l'inconscience, sous prétexte de jouissance ou même de repos et de délassement. C'est dans la force et la lumière que doit se produire la détente, non dans l'obscurité et la faiblesse. Pour tous ceux qui aspirent au progrès la continence est donc de règle. Mais spécialement pour ceux qui veulent se préparer à la manifestation supramentale, cette continence doit être remplacée par une abstinence totale, obtenue non par coercition et suppression, mais par une sorte d'alchimie intérieure, grâce à laquelle les énergies généralement utilisées dans l'acte procréateur sont transmuées en énergies de progrès et de transformation intégrale.

 H va de soi que pour que le résultat soit total et vraiment bienfaisant, toute impulsion et tout désir sexuels doivent être éliminés de la conscience mentale et vitale aussi bien que de la volonté physique. C'est du dedans au dehors que se produit toute transformation radicale et durable, de sorte que la transformation extérieure en est la conséquence normale et, pour ainsi dire, inévitable.

Il y a un choix décisif à faire entre prêter son corps en obéissance aux fins de la nature, qui veut perpétuer l'espèce telle qu'elle est, ou préparer ce même corps à devenir un échelon dans la création de la race nouvelle. Car les deux ne peuvent se faire à la fois, et c'est à chaque minute qu'il faut opter entre demeurer dans l'humanité d'hier ou appartenir à la surhumanité de demain.

Il faut renoncer à être adapté à la vie telle qu'elle est et à y réussir, si on veut se préparer à la vie telle qu'elle sera et en être un membre actif et efficient.

Il faut refuser le plaisir, si on veut s'ouvrir à la joie d'être dans la beauté et l'harmonie totales.

Ceci nous mène tout naturellement à l'austérité vitale, celle des sensations, à la tapasyâ du pouvoir ; car l'être vital est le siège du pouvoir, de l'enthousiasme réalisateur. C'est dans le vital que la pensée se change en volonté et devient un dynamisme d'action. Il est vrai aussi qu'il est le siège des désirs et des passions, des impulsions violentes et des réactions également violentes, des révoltes et des dépressions. Le remède ordinaire est de juguler l'être vital, de l'affamer en le privant de toutes sensations ; en effet c'est par les sensations qu'il se nourrit principalement et sans elles il s'endort, s'engourdit jusqu'à l'inanition.

A dire vrai, le vital a trois sources de subsistance. Celle qui lui est la plus facilement accessible vient d'en bas, des énergies physiques, par l'intermédiaire des sensations.

La seconde se trouve dans son propre plan, quand il est suffisamment vaste et réceptif, par le contact avec les forces vitales universelles.

La troisième, celle à laquelle il ne s'ouvre généralement que dans une grande aspiration de progrès,  

lui vient d'en haut par l'infusion et l'absorption des forces et de l'inspiration spirituelles.

Les hommes essayent toujours plus ou moins d'ajouter à celles-là une autre source qui est, en même temps, pour eux la source de la plupart de leurs tourments et de leurs infortunes. C'est l'échange de forces vitales avec leurs congénères, généralement en groupements par deux, que, le plus souvent, ils méprennent pour de l'amour, mais qui n'est que l'attraction de deux forces qui ont du plaisir à s'échanger.

Ainsi, si nous ne voulons pas affamer notre vital, les sensations ne doivent pas être rejetées, ni diminuées dans leur nombre et leur intensité ; il ne faut pas les éviter non plus, mais s'en servir avec sagesse et discernement. La sensation est un excellent moyen de connaissance et d'éducation ; mais pour servir ces fins, elle ne doit pas être utilisée égoïstement dans un  but de jouissance, dans une recherche aveugle et ignorante de ^ satisfaction propre et de plaisir.

Les sens doivent être capables de tout supporter sans dégoût î ni déplaisir, mais en même temps, il leur faut acquérir et développer de plus en plus le pouvoir de discerner la qualité, l'origine et l'effet des vibrations vitales variées, afin de savoir si elles sont favorables à l'harmonie, la beauté et la bonne santé, ou si elles sont nuisibles à l'équilibre et au progrès de l'être physique et du vital. De plus, les sens doivent être utilisés comme instruments d'approche et d'étude des mondes physique et vital, dans toute leur complexité ; ainsi ils prendront leur place véritable dans le grand effort vers la transformation.

C'est en éclairant, en fortifiant et en purifiant le vital, non en l'affaiblissant, qu'on peut aider au vrai progrès de l'être. Se priver de sensations est donc aussi pernicieux que de se priver de nourriture. Mais de même que le choix de la nourriture doit être fait savamment et seulement en vue de la croissance et du bon fonctionnement du corps, de même, le choix des sensations et leur contrôle doit aussi être fait avec une austérité toute scientifique, en vue seulement de la croissance et du perfectionnement du vital, cet instrument supérieurement dynamique, qui est aussi essentiel au progrès que toutes les autres parties de l'être.

C'est en éduquant le vital, en le rendant plus raffiné, plus sensible, plus subtil, on devrait presque dire, plus élégant, dans le meilleur sens du mot, qu'on peut avoir raison de ses violences et de ses brutalités, qui sont, en somme, des crudités et des ignorances, des manquements au goût.

En vérité, le vital cultivé et illuminé peut être aussi noble, héroïque et désintéressé, qu'il est, spontanément et livré à lui-même, sans éducation, vulgaire, égoïste et perverti. Il suffit à chacun de savoir transformer en lui-même la recherche de la jouissance en aspiration vers la plénitude supramentale. Pour cela, si l'éducation du vital est poursuivie assez loin, avec persévérance et sincérité, il arrive un moment où, convaincu de la grandeur et de la beauté du but, le vital renonce aux mesquines et illusoires satisfactions sensorielles pour conquérir la joie divine.

Bulletin, février 1953

 

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