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Volume 13 — 1972

Mère l'Agenda Volume 13 — 1972

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2 avril 1972

l'Agenda de Mere. Volume 4. 28 aoűt 1963

Mčre

l'Agenda

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(Entrevue avec l’architecte d’Auroville, Net U – N est le secrétaire de la «Sri Aurobindo Society», et U, son rival, le secrétaire de «Sri Aurobindo’s Action». L’architecte donne une fleur à Mère.)

Qu’est-ce que c’est?

Je crois que c’est «supramentale clarté» ou vibration.

(Mère parle en anglais)

Je vais vous dire à tous: nous prêchons l’unité, l’unité de l’humanité, et nous nous querellons tous – d’horribles querelles, des rancunes, toutes sortes d’incitations que nous condamnons chez les autres. Nous donnons un joli exemple! et les gens rient. Voilà.

Cela m’est rapporté de nombreux côtés.

Commencez par vous-mêmes, disent les gens, et ils ont raison.

Chacun de vous, tous, vous avez d’excellentes raisons, et tout le monde semble mentir. Ils ont d’excellentes «raisons». Vous savez, l’ego est le plus habile gredin que j’aie jamais rencontré. Il prend des allures si jolies-jolies, chacun dit: «Je voudrais, mais je ne peux pas.» Voilà. Et je vous dis: cela m’est rapporté de tous les coins, proches et loin, de l’Inde et d’autres pays – commencez par vous-mêmes. C’est-à-dire que nous sommes ridicules. Ridicules. Et nous avons de si bonnes raisons! – tous les gens ont de bonnes raisons. Mais c’est au-dessus de la raison, cela n’a rien à voir avec la raison, rien, nous voulons... une nouvelle création.

Si le Divin avait seulement une heure les mêmes sentiments que les hommes, il n’y aurait plus de monde. Ça, je peux vous le dire. J’ai vu clairement (croyez-moi si vous le voulez), j’ai vu le monde avec les yeux du Divin. C’est si horrible, vous savez, si contraire à ce que ça doit être, que si le Divin disait «seulement Lui», brrt! tout disparaîtrait – plus de monde, plus d’hommes: seulement Ça. Des ego pulvérisés.1

C’est difficile, c’est la chose la plus difficile – nous sommes ici pour faire des choses difficiles. Nous sommes dans une période de transition. Je ne peux pas vous dire: «Soyez comme ceci ou soyez comme cela», parce qu’il n’y a pas d’exemples encore. C’est en train de se faire, nous sommes juste au moment de la transition. C’est très difficile – mais très intéressant.

Pendant des siècles et des siècles, l’humanité a attendu ce moment. Il est venu. Mais c’est difficile.

Je ne dis pas que nous sommes ici, sur la terre, simplement pour nous reposer et nous amuser; ce n’est pas le moment maintenant. Nous sommes ici... pour préparer le chemin de la nouvelle création.

Le corps a des difficultés, alors je ne peux pas être active, hélas. Ce n’est pas parce que je suis vieille – je ne suis pas vieille. Je ne suis pas vieille, je suis plus jeune que la plupart de vous. Si je suis ici inactive, c’est parce que le corps s’est définitivement donné pour préparer la transformation. Mais la conscience est claire et nous sommes ici pour travailler – le repos et les amusements viendront après. Faisons notre travail ici.

Alors, je vous ai appelés pour vous dire cela: entreprenez ce que vous pouvez, faites ce que vous pouvez, mon aide sera avec vous. Tous les efforts sincères seront aidés au maximum.

(puis Mère parle en français)

C’est le moment d’être héroïque.

L’héroïsme n’est pas comme l’on dit, mais d’être pleinement unis – et l’aide divine sera toujours avec ceux qui ont résolu d’être héroïques en toute sincérité. Voilà.

Vous êtes ici en ce moment, c’est-à-dire sur la terre, parce que vous l’avez choisi dans le temps – vous ne vous en souvenez plus, mais moi, je le sais; c’est pour cela que vous êtes ici. Eh bien, il faut être à la hauteur de la tâche. Il faut faire un effort, il faut vaincre toutes les petitesses et toutes les limitations, et surtout dire à l’ego: ton temps est passé. Nous voulons une race qui n’ait pas d’ego, qui ait une conscience divine à la place de l’ego. C’est cela que nous voulons: la conscience divine qui permettra à la race de se développer et au surhomme2 de naître.

Si vous croyez que je suis ici parce que je suis liée, ce n’est pas vrai. Je ne suis pas liée. Je suis ici parce que mon corps s’est donné pour les premières tentatives de transformation. Sri Aurobindo me l’a dit; il m’a dit: «Je ne connais que vous qui puissiez le faire.» J’ai dit: «Bien, je le fais.» Ce n’est pas... je ne souhaite à personne de le faire pour moi parce que... parce que ce n’est pas très plaisant, mais je le fais très volontiers parce que les résultats, tout le monde pourra en profiter. Je ne demande qu’une chose: ne pas écouter l’ego. C’est tout. Le temps de l’ego est passé. L’humanité et son ego, nous voulons la surpasser, la dépasser, nous voulons une race qui n’ait pas d’ego, qui ait une conscience divine à la place de l’ego. Voilà, c’est tout.

Quelque chose à dire?

(silence)

S’il y a dans vos cœurs un oui sincère, vous m’aurez pleinement satisfaite. Je n’ai pas besoin de mots: j’ai besoin d’une sincère adhésion de vos cœurs. Voilà tout.

(silence)

(À l’architecte:) Tu as suivi?

Oui, douce Mère.

Tu es d’accord?

Pleinement d’accord.

(les deux autres se taisent Mère s’adresse à eux en anglais)

(À N et U:) Vous et vous, vous devez vous mettre d’accord. Vous êtes ici pour ça. Vous êtes venus dans cet endroit et en ce moment pour ça. Nous devons donner au monde l’exemple de ce qui doit être: pas des petits mouvements égoïstes mais une aspiration à la manifestation de la Vérité. Voilà.

(silence)

Je puis vous assurer que tout effort sincère sera pleinement aidé par le Divin. De cela, je suis sûre; je peux vous en assurer.

(silence)

C’est tout ce que j’ai à dire.

 

1 Ces derniers mots sont dits en français.

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2 Plus tard. Mère a corrigé «surhomme» et dit «l’être supramental».

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12 avril 1972

l'Agenda de Mere. Volume 4. 28 aoűt 1963

Mčre

l'Agenda

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(Mère nous tend une carte imprimée où se trouve sa photo et le texte suivant:)

No human will can finally prevail against the Divine’s will.

Let us put ourselves deliberately and exclusively on the side of the Divine and the victory is ultimately certain.

The Mother

(la traduction)

«Aucune volonté humaine ne peut finalement prévaloir contre la volonté du Divin. Mettons-nous délibérément et exclusivement du côté du Divin et la victoire finale est certaine.»

C’est curieux comme la nature humaine résiste à cela. La nature humaine ordinaire est telle qu’elle aime mieux la défaite avec sa propre volonté que la victoire autrement. Je suis en train de découvrir des choses... incroyables – incroyables.

La profondeur de la stupidité humaine est incroyable. Incroyable.

C’est comme si cette Force dont j’avais parlé1 allait comme cela (geste comme une foreuse) de plus en plus profond, vers le subconscient.

Dans le subconscient, il y a des choses... incroyables – incroyables. Je passe des nuits à voir cela. Et ça descend, ça descend... impératif.

Et alors, il y a le subconscient humain qui crie: «Oh! pas encore, pas encore – pas si vite!» Et c’est contre cela qu’il faut lutter. C’est un subconscient général.

Et naturellement, les résistances amènent des catastrophes, mais alors on dit: «Voyez, voyez comme votre action est bienfaisante! elle amène des catastrophes.» Incroyable, incroyable de stupidité.

Je vois en moi-même, jamais je n’ai senti cette résistance de la nature inférieure d’une façon aussi...

Oui, oui, oh! elle est augmentée formidablement.

Oui, formidablement. Mais on ne sait pas comment ça finira, il y a des moments où l’on est très inquiet.

Non, il ne faut pas. Il faut rester... rester accroché au Divin. Et n’est-ce pas, elle a de ces bonnes raisons! Elle dit: «Vous voyez, vous voyez à quoi ça vous mène, vous voyez...» Oh! c’est... ce n’est pas seulement une résistance: c’est pervers.

Oui.

C’est une perversité.

Oui, oui, douce Mère; moi, je le vois très clairement. Je vois très clairement que c’est une perversité réellement.

C’est une perversité.

Mais je ne sais pas ce qu’il faut faire. On a l’impression de quelque chose qui n’obéit à rien. Je ne sais pas ce qu’il faut faire.

Non, il n’y a qu’à... Si l’on peut ne pas écouter, c’est mieux, mais si l’on écoute, il n’y a qu’à répondre: «Ça m’est égal, ça m’est égal» – tout le temps. «Tu deviendras stupide» – ça m’est égal. «Tu gâcheras tout ton travail» – ça m’est égal... À tous ces arguments pervers, on répond: ça m’est égal.

Si l’on peut avoir l’expérience que c’est le Divin qui fait tout, alors avec une foi inébranlable, on dit: «Tout tes arguments n’ont aucune valeur; la joie d’être avec le Divin, conscient du Divin, dépasse tout» – dépasse la création, dépasse la vie, dépasse le bonheur, dépasse la réussite, dépasse tout (Mère lève un doigt): ÇA.

Voilà. Alors c’est bien. Alors c’est fini.

C’est comme si Ça poussait au jour, comme si Ça mettait au jour, en contact avec cette Force, tout ce qu’il y a de pire dans la nature...

Oui!

...pour que ce soit fini.

Et alors, ça semble s’accrocher à ce qui, en nous, était de bonne volonté.

Il y a un moment où ça devient absolument merveilleux, mais on passe par des heures qui ne sont pas agréables.

Oui. Oui, il y a des moments où l’on se demande si tout ne va pas être balayé.

(Mère rit) C’est absurde! c’est absurde. C’est toute la résistance qui va être balayée.

Mais...

(Mère plonge, puis sourit)

J’ai de plus en plus l’impression qu’il n’y a qu’un moyen... (Riant) Ça fait une image amusante: s’asseoir sur le mental – s’asseoir sur le mental: tais-toi. C’est le seul moyen.

On s’assoit sur le mental (Mère donne une petite tape): tais-toi.

(silence)

Dans le subconscient, il y a le souvenir des anciens («previous», quel est le mot français?) des anciens pralayas,2 et alors c’est ce souvenir qui donne toujours cette impression que tout va se dissoudre, tout va s’écrouler.

Mais si l’on regarde avec la vraie lumière, ce ne peut être qu’une manifestation plus belle! Théon m’avait dit que c’était la septième et la dernière. Sri Aurobindo (je lui avais dit ce que Théon disait), Sri Aurobindo était d’accord, parce qu’il a dit: «Celle-là verra la transformation vers le Supramental.» Mais le Supramental, pour cela, il faut que le mental se taise! Et alors, ça me donne toujours l’impression (riant) d’un enfant qui est assis sur la tête du mental et qui (geste comme un enfant qui bat des pieds), qui joue sur la tête du mental! – Si je pouvais encore faire du dessin, ce serait vraiment amusant. Le mental – ce gros mental terrestre (Mère se gonfle les joues) – qui se croit si important et si indispensable, et alors l’enfant assis sur sa tête et qui joue! C’est très amusant.

Ah! mon petit, nous n’avons pas la foi, dès que l’on a la foi...

Nous disons: «Nous voulons la vie divine» – mais nous en avons peur! Mais dès que la peur s’en va et que l’on est sincère... vraiment tout change.

Nous disons: «Nous ne voulons plus de cette vie», et... (riant) il y a quelque chose qui s’accroche!

Oui!

C’est si ridicule.

Nous nous accrochons à nos vieilles idées, nos vieilles... à ce vieux monde qui doit disparaître – nous avons peur!

Et l’enfant divin assis sur la tête du mental, il joue!... Je voudrais pouvoir faire cette image, c’est merveilleux.

Nous sommes tellement stupides que nous en arrivons à dire (Mère prend un ton de dignité offensée): le Divin a tort, «Tu ne devrais pas faire comme ça»! C’est comique, mon petit.

(silence)

Pour moi, le meilleur remède (c’est-à-dire le plus facile), c’est: ce que Tu voudras – ce que Tu voudras, en toute sincérité. En toute sincérité. Et alors – alors la compréhension vient. Alors on comprend. Mais on ne comprend pas mentalement, ce n’est pas là (Mère touche sa tête).

Ce que Tu voudras.

(silence)

Alors la résistance dans les gens, je vois, je vois (ils ne me le disent pas, mais ils le pensent; je vois dans le mental comme cela – geste dans l’atmosphère autour): radotage de vieille femme!

Voilà.

Ah!3...

 

1 La descente du 21 février (la «pression terrible pour obtenir le progrès voulu», voir conversation du 8 mars).

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2 Pralaya: fin d’un monde, apocalypse.

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3 Il existe un enregistrement de cette conversation.

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6 mai 1972 (Avec une Puissance formidable qui PRESSE sur le monde.)

l'Agenda de Mere. Volume 4. 28 aoűt 1963

Mčre

l'Agenda

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(Mère «regarde»)

Tu vois quelque chose?

(silence)

Je te l’ai déjà dit, je crois: il y a comme une Force dorée qui appuie (geste de pression), qui n’a pas de consistance matérielle, et pourtant qui semble terriblement lourde...

Oui, oui.

...et qui appuie sur la Matière, comme ça, pour obliger, l’obliger à se tourner vers le Divin intérieurement – pas une fuite extérieure (geste en haut): intérieurement pour se tourner vers le Divin. Et alors, le résultat apparent, c’est comme si les catastrophes étaient inévitables. Et en même temps que cette perception de catastrophe inévitable, il y a des solutions à la situation, des événements qui apparaissent, eux, tout à fait comme miraculeux.

C’est comme si les deux extrêmes devenaient plus extrêmes: comme si ce qui est bon devenait meilleur, ce qui est mauvais devenait pire. C’est comme cela. Avec une Puissance formidable qui PRESSE sur le monde. C’est cela, mon impression.

Oui, c’est perceptible.

Oui, ça se sent comme cela (Mère palpe l’air). Et puis, dans les circonstances alors, à la fois, des tas de choses qui généralement se passent d’une façon indifférente, qui deviennent aiguës: des situations, des différences qui deviennent aiguës; des mauvaises volontés qui deviennent aiguës; et en même temps des miracles extraordinaires – extraordinaires. Des gens qui sont sauvés et qui étaient sur le point de mourir, des choses qui étaient inextricables et tout d’un coup s’arrangent.

Et alors, pour les individus aussi c’est comme cela.

Ceux qui savent se tourner vers... (comment dire?) qui SINCÈREMENT font appel au Divin, qui sentent que c’est le seul salut, que c’est le seul moyen d’en sortir et qui sincèrement se donnent, alors... (geste d’éclatement) en quelques minutes, ça devient merveilleux – pour les toutes petites choses: il n’y a pas de petit et de grand, d’important et de pas important, c’est tout la même chose.

Les valeurs changent.

C’est comme si la vision du monde changeait.

(silence)

C’est comme pour donner une idée du changement dans le monde par la descente du Supramental. Vraiment les choses qui étaient indifférentes deviennent catégoriques: une petite erreur devient catégorique dans ses conséquences, et une petite sincérité, une petite aspiration vraie devient miraculeuse dans son résultat. Ce sont les valeurs qui sont augmentées dans les gens. Et au point de vue même matériel, la moindre, la moindre faute a de grosses conséquences, et la moindre sincérité dans l’aspiration a de merveilleux résultats.

Ce sont les valeurs qui sont augmentées, précisées.

Douce Mère, tu parles de faute, d’erreur – je ne sais pas si c’est une aberration, mais j’ai une impression de plus en plus précise que la faute, l’erreur, tout cela, ce n’est pas vrai. Ce n’est pas comme cela. C’est un moyen... comment dirais-je? Oui, c’est un moyen d’élargir le champ d’aspiration.

Oui, oui parfaitement.

C’est la douleur – la faute, l’erreur, c’est la douleur, et c’est le moyen d’éveiller l’aspiration dans des endroits encore plus profonds.

Oui, c’est certain. La perception d’ensemble, c’est que tout est-tout est voulu en vue de l’ascension consciente du monde. C’est la conscience qui se prépare à devenir divine. Et c’est parfaitement vrai: ce que nous considérons comme des fautes, c’est tout à fait dans la conception humaine ordinaire, tout à fait, tout à fait.

La seule faute – s’il y en a une –, c’est de ne pas vouloir autre chose. Mais à partir du moment où l’on veut autre chose...

Mais ce n’est pas une faute, c’est une imbécillité!

Oui, c’est cela, c’est une imbécillité. Mais à partir du moment où l’on veut autre chose, j’ai l’impression que toutes les erreurs ou les fautes, tout sert.

Oui, oui. Oui, parfaitement. N’est-ce pas, c’est très simple: il faut que toute la création ne veuille que le Divin, que manifester le Divin; et tout ce qu’elle fait (comme toutes ses prétendues erreurs), ce sont des moyens de rendre inévitable que toute la création doit manifester le Divin – mais pas le «Divin» tel que l’homme le conçoit, n’est-ce pas, avec des «ceci et pas cela» et toutes sortes de restrictions: un ENSEMBLE d’une puissance et d’une lumière formidables.

C’est vraiment la Puissance dans le monde, une Puissance nouvelle et formidable qui est venue dans le monde et qui doit manifester et rendre (si l’on peut dire) «manifestable» cette Toute-Puissance divine.

Je suis arrivée à cette conclusion: en regardant, en observant, j’ai vu que ce que nous appelons «supramental» faute d’un mot meilleur, ce Supramental rend la création plus sensible au Pouvoir supérieur, que nous appelons «divin» parce que nous... (il est divin par rapport à ce que nous sommes, mais...). C’est quelque chose (geste de descente et de pression) qui doit rendre la Matière plus sensible et plus... (si le mot existe) «responsive» à la Force. Comment dire?... Maintenant, tout ce qui est invisible ou insensible est pour nous irréel (je veux dire pour l’être humain en général); nous disons qu’il y a des choses «concrètes» et des choses qui ne le sont pas; alors cette Puissance, ce Pouvoir, qui n’est pas matériel, devient plus concrètement puissant sur la terre que les choses terrestres matérielles. C’est cela.

C’est cela, la protection et le moyen de défense des êtres supra-mentaux. Ce sera une chose qui n’est pas en apparence matérielle, et qui a un pouvoir sur la matière plus grand que les choses matérielles. Ça, ça devient de jour en jour, d’heure en heure plus vrai. L’impression que cette Force, quand elle est dirigée par ce que nous appelons le «Divin», elle peut, elle peut vraiment – tu comprends, elle a le pouvoir de faire mouvoir la Matière, elle peut produire un accident matériel; et elle peut sauver d’un accident tout à fait matériel, elle peut supprimer les conséquences d’une chose absolument matérielle – elle est plus forte que la Matière. Ça, c’est ce qu’il y a de tout à fait nouveau et d’incompréhensible. Et alors, ça fait... (geste frémissant dans l’atmosphère), ça produit une espèce d’affolement dans la conscience ordinaire des gens.

C’est cela. Il semble que... ce n’est plus comme c’était. Et vraiment il y a quelque chose de nouveau – ce n’est plus comme c’était.

Tout notre bon sens, toute notre logique, tout notre sens pratique: par terre! perdu – n’a plus de force. N’a plus de réalité. Ne correspond plus à ce qui est.

C’est vraiment un monde nouveau.

(silence)

C’est ce qui, dans le corps, a de la difficulté à s’adapter à cette Puissance nouvelle, qui crée le désordre et les difficultés, les maladies. Mais tout d’un coup, on sent que si l’on était pleinement réceptif, on deviendrait formidable. C’est cela, l’impression. C’est l’impression que j’ai de plus en plus: que si toute la conscience, toute la conscience la plus matérielle – la plus matérielle – était réceptive à cette Puissance nouvelle... on deviendrait for – mi – da – ble.

(Mère ferme les yeux)

Mais une condition essentielle: le règne de l’ego doit être fini. L’ego est l’obstacle maintenant. Il faut que l’ego soit remplacé par la conscience divine – ce que, moi, j’appelle la conscience divine; Sri Aurobindo, lui, disait «supramental»; nous pouvons dire supramental pour qu’il n’y ait pas de malentendu parce que dès que l’on parle du «Divin», les gens pensent à un «Dieu» et ça gâte tout. Ce n’est pas ça. Ce n’est pas ça (Mère fait descendre lentement ses poings fermés), c’est la descente du monde supramental, qui n’est pas une chose purement imaginative (geste là-haut): c’est une Puissance absolument matérielle. Mais (souriant) qui n’a pas besoin des moyens matériels.

Un monde qui veut s’incarner dans le monde.

(silence)

Plusieurs fois, il y a eu des moments où mon corps sentait une espèce de malaise nouveau et une inquiétude, et il y a eu comme quelque chose qui n’était pas une voix, mais qui se traduisait en mots dans ma conscience: «Pourquoi as-tu peur? C’est la conscience nouvelle.» Plusieurs fois, c’est venu. Et alors j’ai compris.

(silence)

Tu comprends, c’est ce qui, dans le bon sens humain, dit: «C’est impossible, ça n’a jamais été», c’est cela qui est fini. C’est fini, c’est idiot. C’est devenu une stupidité. On pourrait dire: c’est possible parce que ça n’a jamais été. C’est le monde nouveau et c’est la conscience nouvelle et c’est la Puissance nouvelle; c’est possible, et cela est et sera de plus en plus manifesté parce que c’est le monde nouveau, parce que ça n’a jamais été.

Cela sera parce que cela n’a jamais été.

(silence)

C’est joli: cela sera parce que cela n’a jamais été – parce que cela n’a jamais été.

(Mère regarde comme si elle allait dire quelque chose,
puis entre en méditation)

C’est à l’œuvre – c’est à l’œuvre en toi aussi.

Ce n’est pas matériel et c’est plus concret que la Matière!

Oui. C’est écrasant presque.

Écrasant, oui, c’est ça... Oh! c’est...

Ce qui n’est pas réceptif sent l’écrasement, mais tout ce qui est réceptif sent, au contraire, comme une... une dilatation puissante.

Oui. Mais c’est très curieux, c’est les deux!

Les deux en même temps.

Oui, on sent comme un gonflement, comme si tout allait éclater, et en même temps c’est quelque chose qui est écrasé.

Oui, mais ça, ce qui est écrasé, c’est ce qui résiste, c’est ce qui n’est pas réceptif. Il n’y a qu’à s’ouvrir. Et alors ça devient comme-comme une chose for-mi-da-ble. C’est extraordinaire! C’est notre habitude de siècles, n’est-ce pas, qui résiste et qui donne cette impression, mais tout ce qui s’ouvre... on sent comme si on devenait grand-grand-grand... C’est magnifique. Oh! c’est ça1...

 

1 Il existe un enregistrement de cette conversation.

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25 octobre 1972

l'Agenda de Mere. Volume 4. 28 aoűt 1963

Mčre

l'Agenda

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(Le disciple donne une fleur à Mère, et Mère la donne au disciple.)

C’est le «pouvoir de vérité dans le subconscient».

Comment ça va?

Physiquement, je crois que ça va bien.

Le gouverneur doit venir me dire au revoir, mais il n’est pas encore arrivé. J’ai dit que quand il arrive, on nous prévienne; tu te mettras là-bas, je le verrai, et puis tu reviendras.

(après un silence)

Dans le subconscient sont accumulées toutes les contradictions.

Oui.

Et ça monte comme cela (geste rejaillissant) tout le temps, tout le temps. Et alors... on a l’impression que l’on est absolument imbécile, inconscient, de mauvaise volonté.

Et tout cela... (même geste qui remonte d’en bas).

Et la conscience est là (geste autour de la tête), paisible, extraordinairement paisible... (Mère ouvre les mains): que Ta Volonté soit faite, Seigneur. Et alors, «ça», ça met une pression sur ce qui vient d’en bas.

C’est comme si la bataille du monde se livrait dans ma conscience.

C’est arrivé au point que, oublier, oublier le Divin une minute, c’est une catastrophe.

Mais pour toi, comment est-ce?

Eh bien, douce Mère, cela paraît interminable, ce nettoyage du subconscient.

Oui, ce n’est pas le subconscient d’une personne: c’est le subconscient de la terre. C’est interminable. Il faut pourtant...

Alors, arrêter cela, ça veut dire arrêter le travail. Continuer cela, ça veut dire qu’il faudrait un temps... Je ne sais pas... c’est interminable.

Clairement, clairement, arrêter cela, ça veut dire arrêter le travail. C’est comme si, dans cette conscience-là (geste autour de Mère), c’était le centre de jonction et d’action.

Alors je n’ai qu’un moyen, c’est de rester tranquille-tranquille-tranquille... (Mère ouvre les mains vers le haut). Avoir le sentiment que l’individualité, ce n’est rien-rien-rien – ça laisse passer-passer les rayons divins. C’est la seule solution. Il faut que ce soit le Divin qui... qui fasse la bataille.

(silence)

La dernière fois, tu avais dit: «Oh! il faudra des centaines d’années, et peut-être des millénaires avant que les hommes se tournent consciemment vers le Divin.» Mais...

Peut-être pas.

On a l’impression que cette fois-ci, quelque chose de décisif devrait venir.

Oui... Tu sais, j’ai l’impression que la personne, c’est comme une image pour fixer l’attention (les hommes ont besoin de quelque chose – ils ont toujours eu besoin de quelque chose qui soit à leur dimension pour pouvoir fixer leur attention), et alors, le corps fait tout ce qu’il peut pour ne pas faire d’obstruction à la Force divine qui passe, il s’efforce d’annuler son interception, et en même temps il voit que c’est... comme une image dont les hommes ont besoin pour fixer leur attention.

(Entre le gouverneur J., qui s’assoit devant Mère en silence, reste quelques minutes en méditation, puis fait son «pranam» et sort.)

(Mère plonge jusqu’à la fin
Sujata s’approche)

(Sujata:) Douce Mère, tu sais, hier matin entre 4h et 4h30, c’était comme si tu donnais tes bénédictions à tout le monde. Tu étais sur un siège très haut et vêtue d’un sari blanc (si je me souviens bien) et puis j’étais l’une des premières qui s’est approchée de toi pour faire le «pranam». Je me suis agenouillée devant toi et j’ai joint les mains, et j’ai baissé ma tête. Alors tu as pris ma tête – soudainement j’ai vu que je ne pouvais plus lever ma tête! Et puis j’ai compris que tu forçais ma tête vers le bas: n’est-ce pas, avec tes mains, tu pressais; alors ma tête se baissait, baissait, baissait. Et puis j’ai vu tes pieds – j’étais toute proche de tes pieds – et c’étaient des pieds1 si jolis, douce Mère! Tout blancs et... merveilleux. Presque translucides.2

(Mère sourit et caresse la joue de Sujata)

 

1 Les pieds sont le symbole de la matière.

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2 Il existe un enregistrement de cette conversation.

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19 juillet 1972

l'Agenda de Mere. Volume 4. 28 aoűt 1963

Mčre

l'Agenda

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Ça va?

Pas trop.

Pourquoi?

Je ne sais pas.

Qu’est-ce qu’il y a?... C’est la tête ou le corps?

Oh! non, c’est intérieur plutôt.

Ooh! ça, il faut que ça aille bien. Intérieur: nous sommes les maîtres – nous voulons aller bien, nous allons bien. Il n’y a que ça (Mère désigne son corps) qui n’obéit pas tout à fait.

(long silence
Mère tient les mains du disciple)

Dans le subconscient, il y a une accumulation de défaitisme. C’est cela qui remonte. Parce qu’il faut que nous changions ça ABSOLUMENT, il faut clarifier le subconscient pour que la nouvelle race puisse venir. Il faut clarifier le subconscient – c’est bourbeux.

C’est plein de défaitisme: défaitisme, la première réaction est défaitiste. C’est absolument dégoûtant, mon petit, j’ai vu cela, je suis en train de travailler... c’est un endroit dégoûtant. Il faut absolument... il faut être catégorique, énergique – sans peur, tu sais. Il FAUT que ça change.

C’est vilain.

Et ça remonte... (geste d’en bas).

(silence)

Il y a une énergie formidable qui est checked, bloquée par ça, par cette ignoble chose.

(Mère donne des fleurs à Sujata)

Tiens. Tu veux une guirlande?

Il faut... (à Satprem) Toi, tu as le pouvoir de... (Mère enfonce son poing dans la Matière). Le défaitisme appartient au subconscient – il FAUT que ça change, absolument. Le défaitisme, c’est l’anti-divin.

(silence)

Il n’y a qu’une façon: vouloir ce que la Conscience Suprême veut – quelles que soient les conséquences selon notre petite conception habituelle.

Et alors c’est comme cela (Mère ouvre les mains): vouloir ce que Tu veux.

J’ai une relation avec cette Conscience Suprême?

Oh! mon petit! ça ne se demande pas!

Tu as une relation – tu as une relation même consciente; non seulement tu as une relation, mais tu as une relation consciente.

(silence)

J’ai traversé dans ma vie toutes sortes de choses terribles...

Oui, tout le monde est comme cela.

Oui, mais je crois que j’en ai eu une dose... spéciale.

Tu ne crois pas que j’en ai eu ma dose aussi?

Oui, ça sûrement, je pense.

Et alors?

Mais j’ai eu (je parle même de l’époque où je ne te connaissais pas, où je ne connaissais pas l’Ashram), j’avais l’impression qu’il y avait quelque chose derrière moi...

Oui.

Quelque chose qui m’aidait.

Bien sûr! Bien sûr, il y avait! Bien sûr, il y avait: c’est ça.

Moi, je l’appelle la «Conscience Suprême» parce que je ne veux pas parler de «Dieu»...

Ah! oui!

C’est plein... le mot lui-même est si plein de mensonge. Ce n’est pas ça, c’est... Nous SOMMES – nous SOMMES le Divin qui s’est oublié Lui-même. Et notre travail, le travail, c’est de rétablir la connexion – appelez-le n’importe comment, ça n’a pas d’importance. C’est la Perfection que nous devons devenir, c’est tout.

C’est la Perfection, le Pouvoir, la Connaissance que nous devons devenir, c’est tout. Appelez-le comme vous voulez, ça m’est tout à fait égal. Mais c’est l’aspiration qu’il faut avoir. Il faut sortir de ce bourbier, de cette imbécillité, de cette inconscience, de ce défaitisme dégoûtant qui nous écrase, parce que nous nous laissons écraser.

Et nous avons peur. Nous avons peur pour la vie de ça (Mère touche la peau de ses mains), de cette espèce de chose, comme si c’était... parce que nous voulons rester conscients – mais unissons-nous à la Conscience Suprême, nous serons éternellement conscients! C’est ça, c’est ça.

Je dirais: nous unissons notre conscience à ce qui doit périr et nous avons peur de périr!1 Mais moi, je dis: unissons notre conscience à la Conscience éternelle et nous aurons la conscience éternelle.

C’est d’une stupidité qui n’a pas de nom!

(silence)

Mais tu vois, quand tu es là, je peux exprimer les choses, parce que dans ton atmosphère il y a ce qu’il faut pour pouvoir les exprimer.

Il faut... il faut mettre ça au service du Divin – toujours. Toujours. Avec une foi, une foi absolue: c’est ce que le Divin veut qui arrive. Et le Divin... moi, je dis «Divin» parce que je sais ce que je veux dire, c’est-à-dire la Connaissance suprême, la Beauté suprême, la Bonté suprême, la Volonté suprême – tout... tout ce qui doit se manifester pour arriver à exprimer... ce qui doit être exprimé.

(long silence)

Nous sommes dégoûtés du monde tel qu’il est – et nous avons le POUVOIR de le changer, et nous sommes si bêtes que nous ne savons pas abdiquer notre personnalité imbécile pour... pour que cette Merveille se réalise.

Et tout ça, c’est dans le subconscient, accumulé: tout ce que nous avons rejeté de nous et qui est là, et qui maintenant doit être mis en contact avec la Force transformatrice... pour que le temps de cette inconscience soit fini.

(Mère plonge pendant une demi-heure)

Mon petit2...

*
*   *

(Ce qui suit a déjà fait l’objet de plusieurs conversations Van passé et reviendra encore malheureusement. Il s’agissait donc de la vente de nos livres à l’étranger et d’un trafic de devises sur lequel nous avions l’impudence ou l’imprudence de mettre le doigt, mais surtout il s’agissait de gens qui volaient Mère purement et simplement. Les livres de Satprem ne représentaient, en effet, qu’un petit coin d’une vaste manipulation qui englobait toutes les œuvres de Sri Aurobindo. Comme Don Quichotte, nous nous lancions dans une bataille dont l’issue était prévisible. Rappelons que le marchand de livres, SABDA, était le frère de celui qui allait s’emparer d’Auroville, et qu’en fait nous nous trouvions devant une maffia bien organisée. Seulement nous ne le savions pas encore. Nous ne relatons cette affaire que parce qu’elle est symbolique de l’ensemble.)

Tu n’as rien à demander?

J’aurais un problème matériel, douce Mère, mais peut-être est-il trop tard, non?

Quelle heure?

Il est onze heures dix maintenant.

Non, qu’est-ce que c’est?

Oh! c’est un problème qui m’ennuie. Il s’agit de mes livres qui sont à «All India Press».

Ça, mon petit, il faut en parler à André.3

Oui, j’ai parlé à André. Je ne sais pas ce qu’ils fabriquent avec mes livres. N’est-ce pas, ils ne me donnent aucun compte, ils ne me demandent rien quand ils font quelque chose. Je ne sais pas ce qu’ils fabriquent en Europe – en Suisse notamment – avec mes livres, ils ne me tiennent au courant de rien, je n’ai aucun contrôle sur ce qui se passe. Alors j’avais écrit une lettre à M [le directeur d’All India Press], une lettre polie, aimable, où je lui demandais de me tenir au courant de ce qu’ils faisaient de mes livres – il n’a jamais répondu. Puis j’ai pensé qu’il fallait écrire quelque chose à M et qu’il n’y avait que toi qui avais le pouvoir.

Ce n’est pas M, c’est... (Mère cherche le nom).

SABDA?

Oui.

Alors j’avais pensé à faire une note, et André approuvait aussi cette note. Si tu veux que je te la lise?

Qu’est-ce que c’est?

J’avais mis: «À All India Press».

Non, il faut mettre SABDA.

Bon. [Le disciple lit:]

«Les livres de Satprem ne seront traduits, réimprimés ou ne feront l’objet d’un contrat qu’avec son consentement formel...

C’est évident. Bien entendu!

Eh bien, oui, c’est bien entendu, mais... Et après:

«Un relevé des ventes devra lui être envoyé à la fin de chaque année, et, en attendant, un relevé depuis le début jusqu’à ce jour.»

C’est-à-dire: en telle année, nous avons vendu tant d’exemplaires, telle année tant d’exemplaires – savoir combien d’exemplaires ils vendent.

C’est bien.

J’avais demandé – ils n’ont jamais répondu. La seule solution, c’est que ce soit toi qui envoies le...

Oui, bien entendu. Mais je vais le faire par André.

Bon. Si tu veux le signer, je vais le donnera André. Alors, au lieu de «à All India Press», il faut mettre quoi?

SABDA?

Il n’y a qu’à mettre «SABDA» après, en dessous.

Simplement, que je sois tenu au courant, tu comprends! Ils font toutes sortes de choses sans rien dire.

(Mère reste absorbée)

 

1 En fait, Mère était aux prises non seulement avec le défaitisme du subconscient, mais avec cette «formation de mort» qui était dans l’atmosphère.

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2 Il existe un enregistrement de cette conversation. Il existe aussi un enregistrement de la conversation qui suit, mais étant donné son caractère particulier, nous ne le diffuserons pas, sauf à ceux qui en feraient spécialement la demande.

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3 André = le fils de Mère. C’est seulement après le départ de Pavitra, en 1969, que Mère a commencé à essayer de se servir de lui. Un être faible qui se laissait manœuvrer par tout le monde. Il était le fils de Mère, mais aussi, on l’oublie trop souvent, le fils de son père.

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30 aoűt 1972

l'Agenda de Mere. Volume 4. 28 aoűt 1963

Mčre

l'Agenda

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Comment ça va?

Je crois que ça va bien.

Moi aussi! (rires)

(silence)

Je vois clairement: au lieu de la pensée qui dirige la vie, c’est la conscience. Et alors si la conscience est tranquillement ouverte au Divin, tout va bien. Et il vient tout le temps des choses dans la conscience, comme si ça venait du monde entier (geste d’assaut de tous les côtés): toutes les choses qui nient ou contredisent l’Action divine. Ça vient comme cela tout le temps (même geste). Et alors si je sais être tranquille (geste d’offrande, mains ouvertes), dans l’attitude de... (souriant) de non-existence, une espèce de... je ne sais pas si c’est transparence. Je ne sais pas si l’on doit dire transparence ou si l’on doit dire immobilité, mais c’est quelque chose dans la conscience qui est comme cela (même geste d’offrande, mains ouvertes). Quand elle est comme cela, tout va bien; et dès qu’elle se met à bouger, c’est-à-dire que la personne se manifeste d’une façon quelconque, c’est détestable. Mais c’est très fort.

Tu sais, il y a un millénaire d’expériences du corps physique qui dit: «Ooh! cet état béatifique, c’est impossible» – c’est cette stupidité qui retarde tout. Et c’est comme si c’étaient les cellules: les cellules du corps qui sont habituées à lutter et à souffrir et qui ne peuvent pas admettre que les choses soient comme cela (même geste d’abandon, mains ouvertes). Mais quand c’est comme cela... c’est merveilleux.

Seulement ça ne dure pas. Ça ne dure pas tout le temps. Tout le temps, tout le temps, il y a des choses qui arrivent (même geste d’assaut).

Mais maintenant, je vois très bien, très clair – très clair: c’est la conscience qui remplace la pensée.

Oui, oui.

Et... (comment dire?) la différence: la pensée, c’est quelque chose qui fait comme cela (geste trépidant et en tourbillon), qui bouge, qui bouge...; la conscience, c’est quelque chose qui fait comme cela (geste mains ouvertes, offertes vers le haut). Je ne peux pas expliquer.

(Mère ferme les yeux et reste les mains ouvertes)

Tu as quelque chose à dire ou à demander?

Je me demandais ce que je pourrais faire pour hâter le mouvement. N’est-ce pas, dans la vie pratique, on est tellement assailli par tant de choses... Qu’est-ce que l’on peut faire pour hâter le mouvement?

Si l’on pouvait ne pas être troublé, cela ferait une grande différence.

Oui.

Une grande différence.

Tu comprends, mon corps commence – commence – à savoir que le côté divin, ça veut dire une vie... (Mère étend les bras dans une immensité) progressive et lumineuse; mais il y a l’accumulation des expériences passées qui dit: «Oh! ce n’est pas possible!» – Voilà. Et alors, c’est ce «pas possible» idiot qui retarde et abîme les choses.

C’est basé sur le fait que dès que le corps quitte la vraie attitude, ça devient douloureux: tout fait mal, tout est pénible – on a l’impression de la mort, la dissolution partout. Et alors c’est cela qui fortifie... l’imbécillité de la Matière.

Alors, à dire vrai, j’aime mieux ne pas parler, à moins que ce ne soit pour répondre à une question précise.

Pour moi, je me demande sur quel point précis je devrais m’appliquer?

(après un silence)

Est-ce que tu sens que tu es passé au-delà de la pensée?

Ah! oui, ça, tout à fait. La seule chose qui me reste, c’est une pensée mécanique, mais autrement... Je peux dire que je ne me sers jamais de ma pensée: j’ai toujours l’impression que je tire d’en haut. Le mental spéculatif, par exemple, ça m’est impossible.

Oui, alors c’est bien, alors tu es en bonne voie.

Eh bien, oui! Mais pratiquement, on a l’impression qu’on se débat et... qu’on est englouti un peu.

Moi, n’est-ce pas, toutes les choses sur lesquelles je m’appuyais pour l’action, c’est comme si elles s’écroulaient EXPRÈS pour que je puisse dire (pour tout, même les choses les plus petites): ce que Tu veux. C’est devenu... c’est devenu mon seul refuge.

Tu sais, je ne me souviens de rien! C’est-à-dire, on me dit: «Vous direz telle chose à cette personne», je réponds très sincèrement oui, et une, deux minutes après, je ne sais plus ce que c’est!1... Je ne me souviens de rien – rien.

Et alors, quelquefois, je peux rester des heures dans une sorte de contemplation paisible et lumineuse – et croire que c’est quelques minutes.

Pour l’observateur ordinaire qui ne sait pas, il faut accepter de passer pour... Et il y a certainement quatre-vingt-dix-neuf personnes sur cent qui pensent que... (souriant) je suis devenue imbécile.

Non-non! douce Mère. Non, ça...

Ça n’a AUCUNE importance.

Je le vois dans leur conscience, et ça me fait sourire. Il faut accepter.

Mais il y en a pas mal qui voient la Lumière aussi, tu sais.

C’est possible. (Riant) C’est tant mieux pour eux!

(silence)

Très souvent, très souvent je demande au Seigneur: comment puis-je aider maintenant que je ne vois plus clair, que je n’entends plus bien, que je ne peux pas parler clairement et que j’ai besoin qu’on m’aide pour bouger? C’est un état... Et le corps ne sent pas la déchéance! Il est convaincu que si, demain, le Seigneur voulait qu’il reprenne son activité, il pourrait. La Force est là (Mère touche ses bras, ses muscles), une force quelquefois terrible!... Pourquoi?...

La condition est voulue pour que... (souriant) pour qu’on me laisse tranquille!

Oui, je crois, douce Mère, je crois.

Voilà. Autrement on ne me laisserait pas tranquille.

Tu serais engloutie en un rien de temps par un monde de problèmes futiles.

Oui! futiles, leurs problèmes sont tous futiles! (Mère rit) Et l’impudence: plus de fidélité dans le mariage et plus d’honnêteté dans le travail. C’est comme cela. Incroyable – incroyable. Les gens me posent des questions... (riant), les questions les plus invraisemblables.

Toutes les règles, oh! ça, toutes les règles morales, c’est comme si elles avaient été jetées par terre. Alors en apparence... Je te donne un exemple: quelqu’un [de l’Ashram] ouvre une «Agence de voyages», et quand on lui donne de l’argent pour acheter des billets, il met l’argent dans sa poche et il n’achète pas les billets – voilà (rires). Mais c’est invraisemblable!

(silence)

Mais tu sais, c’est sûrement un état voulu, parce que moi, tel que je le perçois à ma petite mesure, j’ai l’impression que dans ton immobilité, tu es comme un centre émetteur formidable.

Oui, ça, je le sais. Ça, je le sais, formidable! Oui, une Force... Mais même dans mes mains: une puissance formidable.

(silence)

(Souriant) Souvent, justement je regarde... (comment dire?)... Tu es dans la conscience – n’est-ce pas, tu es DANS la conscience –, et alors je regarde pour voir quelle place tu occupes dans la conscience. Et... (Mère reste les yeux clos, souriante).

Mon petit, je ne veux pas que tu... (Mère fait le geste de se rengorger), ce n’est pas pour te faire des compliments, je ne veux pas. Mais toujours... tu es comme un jardin lumineux... de forme définie (Mère dessine comme un rectangle), lumineux, et dans les couleurs qui vont du rose vif à la lumière dorée. Et c’est comme cela. Et ça, c’est toi – c’est toi que je vois comme cela. Toujours.

Il y a une immense atmosphère – une immense atmosphère... Une immense atmosphère couverte par l’aura de Sri Aurobindo: ce bleu... ce bleu clair lumineux qui est sa couleur. Et là-dedans, je te vois... tu es comme un jardin précis (même geste) et d’une couleur... il y a du rose vif jusqu’à... une atmosphère dorée, lumineuse. Et c’est un joli jardin. C’est cela que je vois – je vois comme cela (Mère touche ses yeux ouverts). Et ça, c’est très bien.

Il y a encore des points rigides, c’est-à-dire des choses... (comment dire?) des fixités personnelles, mais... petit à petit, petit à petit, ça disparaît et ça se transforme. Voilà. Ça, c’est ce que je vois.

(Mère plonge jusqu’à la fin, puis Sujata s’approche)

(Sujata:) Douce Mère, mon oncle,2 qui est venu te voir hier avec moi, m’a dit après: «Je ne sais pas si tu vois, mais moi, je voyais une Lumière qui sortait du visage de Mère...»

(Mère rit)

Alors je lui ai demandé: «Mais qu’est-ce que cela vous fait?» Il a dit: «Tu sais, je n’ai pas de désirs, rien; j’ai tout simplement envie de... m’incliner devant ça.»3

(Mère sourit)

 

1 Mais s’il y avait la moindre vérité profonde dans ce que l’on demandait à Mère de dire, elle s’en souviendrait parfaitement!

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2 Plus tard, cette personne a beaucoup aidé Auroville auprès du gouvernement de l’Inde lorsque les imposteurs ont voulu mettre en prison ou déporter les Auroviliens.

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3 Il existe un enregistrement de cette conversation.

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