111.-112. (La connaissance est comme un enfant avec ses exploits;...)

Nyomtatóbarát változat

111 — La connaissance est comme un enfant avec ses exploits; dès qu'elle a découvert quelque chose, elle court les rues ça et là, criant et s'exclamant; la Sagesse cache les siens longtemps dans un silence pensif et puissant.

112 — La science pérore et se conduit comme si elle avait conquis toute la connaissance. La Sagesse chemine, et elle entend l'écho de son pas solitaire au bord des océans immenses.

Le silence... oh! il vaut mieux le pratiquer que d'en parler.

C'est une expérience que j'ai eue ici, il y a longtemps : la différence entre vouloir répandre et utiliser ce que l'on a appris, immédiatement, et puis le contact avec les connaissances supérieures où l'on reste aussi tranquille que l'on peut pour que cela ait un effet transformateur. J'en ai eu l'expérience vivante — une demi-journée d'expérience vivante —, mais maintenant cela me paraît vieux, vieux, loin derrière.

Quel est le pouvoir de ce Silence? Quand on monte au-dessus, on entre dans une espèce de grand silence, qui est gelé, qui est partout, mais quel est le pouvoir de ce Silence? Est-ce que cela fait quelque chose?

C'est ce que les gens cherchaient autrefois quand ils voulaient sortir de la vie. Ils se mettaient en transe, ils laissaient leur corps immobile, et puis ils entraient là-dedans, et puis ils étaient parfaitement heureux. Et les sannyâsins qui se faisaient enterrer vivants, c'était comme cela. Ils disaient : "Maintenant, j'ai fini mon travail (ils faisaient de belles phrases), j'ai fini, j'entre en samâdhi", et ils se faisaient enterrer vivants. Ils entraient dans une chambre, ou n'importe, puis on fermait, et puis c'était fini. Et c'est ce qui arrivait : ils entraient en transe, et leur corps, au bout d'un certain temps, naturellement se dissolvait, et eux, ils étaient dans la Paix.

Mais Sri Aurobindo dit que ce Silence est puissant.

Puissant, oui.

NEh bien, je voudrais savoir comment il est puissant, justement? Parce qu'on a l'impression que l' on pourrait rester là-dedans une éternité...

Pas une éternité — l'Éternité.

... sans que ça change rien.

Non, parce que ce n'est pas manifesté, c'est en dehors de la Manifestation. Mais ce que Sri Aurobindo veut, c'est qu'on le fasse descendre ici. C'est ça, c'est ça la difficulté. Et il faut accepter l'infirmité et l'apparence même de l'imbécillité, tout, et il n'y a pas un être sur cinquante millions qui ait le courage de cela.

Il y a des millions de manières de s'enfuir. Il n'y en a qu'une de rester, c'est vraiment d'avoir du courage et de l'endurance, d'accepter toutes les apparences de l'infirmité, les apparences de l'impuissance, les apparences de l'incompréhension, l'apparence, oui, d'une négation de la Vérité. Mais si l'on n'accepte pas, ce ne sera jamais changé. Ceux qui veulent rester grands, lumineux, forts, puissants, et patati-patata, eh bien, qu'ils restent là-bas, ils ne peuvent rien faire pour la terre.

Et cette incompréhension est une toute petite chose (une toute petite chose parce que la conscience est suffisante pour ne pas en être le moins du monde affectée), mais c'est une incompréhension générale et totale ! C'est-à-dire que l'on reçoit des insultes, des expressions de mépris et tout, justement à cause de ce que l'on fait, parce que, selon eux (toutes les "grandes intelligences" de la terre) on a renoncé à sa divinité. Ils ne le disent pas comme cela, ils disent : "Quoi? vous prétendez avoir une conscience divine, et puis..." Et on retrouve cela dans tous les gens et toutes les circonstances. De temps en temps, quelqu'un pour un instant a un éclair, mais c'est tout à fait exceptionnel, tandis que : "Eh bien, montrez votre pouvoir", c'est partout.

Pour eux, le Divin sur terre doit être tout-puissant, évidemment.

C'est cela : "Montrez votre pouvoir, changez le monde. Et pour commencer, faites ce que je veux." N'est-ce pas, la première chose la plus importante, c'est de faire ce que je veux. "Montrez votre pouvoir!" Voilà ce qu'ils disent constamment.

25 septembre 1965

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